Association des Parkinsoniens de la Manche

Info Santé

Maladie de parkinson

« Récemment, il semble y avoir quelques résultats encourageants » Entretien avec Jean-Christophe CORVOL, directeur médical de l’Institut du Cerveau, à la Pitié-Salpêtrière. Jean-Christophe Corvol, directeur médical de l’Institut du Cerveau, à la Pitié-Salpêtrière. Professeur de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Jean-Christophe Corvol est coprésident du réseau français de recherche clinique sur la maladie de Parkinson et les troubles du mouvement. Il a expliqué à Leïla Slimani quels sont les espoirs de la recherche. Face à la maladie de Parkinson Aujourd’hui, la recherche essaie de trouver des traitements pour ralentir voire stopper la progression de la maladie. Les premiers essais thérapeutiques datent des années 1990 et ils ont tous échoué, sauf récemment où il semble y avoir quelques résultats encourageants. Cet échec s’explique d’abord par le fait qu’on ne connaissait pas bien la cause de la maladie. Nous avons beaucoup progressé sur ce terrain et nous savons à présent que plusieurs facteurs entrent en compte : des facteurs environnementaux notamment comme l’exposition aux pesticides. En France, Parkinson a d’ailleurs été reconnue comme maladie professionnelle pour des agriculteurs exposés à des substances toxiques. Même si la maladie ne se transmet pas de génération en génération, le terrain génétique est également important. Certains variants génétiques vont engendrer une susceptibilité de développer la maladie. Depuis le début des années 2000, nous avons une meilleure compréhension de ces facteurs de risque génétique, notamment dans les formes jeunes. Maladie de Parkinson : une prise en charge qui se fait attendre Sur le plan des mécanismes biologiques impliqués dans la maladie, une découverte importante a été faite : l’alpha-synucléine, dont le rôle n’est pas encore bien connu mais qui s’agrège et devient toxique pour les neurones de la dopamine. Cela a permis de développer des stratégies pour augmenter son élimination, en injectant des anticorps par exemple. Plusieurs études sont en cours, dont on attend les résultats pour la fin de l’année. Deux études récentes ont été menées sur les mécanismes non spécifiques à Parkinson mais qui peuvent protéger les neurones : une sur le fer qui malheureusement n’a pas fonctionnéw et une autre sur certains antidiabétiques qui facilitent l’entrée du glucose dans les cellules. Cette étude, LixiPark, menée en France par le réseau de recherche clinique sur la maladie de Parkinson (NS-PARK/FCRIN), a montré que cette approche permettait une stabilisation de la maladie. Ces résultats restent à confirmer mais cela prouve que ces voies de l’insuline sont peut-être une bonne piste.

On s’interroge évidemment sur les raisons des échecs successifs des essais de neuroprotection. Il faut sans doute tester les médicaments chez des patients en début de maladie, stables sous traitement, mais l’idéal serait de les tester chez des personnes à risque mais qui n’ont pas encore développé Parkinson, parce qu’il y a dans ce cas beaucoup de neurones à sauver. Mais pour cela, il faudrait être capable d’identifier des sujets à haut risque ou des malades asymptomatiques. Au début des années 2000, les laboratoires pharmaceutiques se sont intéressés à Parkinson et ont développé des médicaments, puis il y a eu un creux entre 2005 et 2015, sans doute à cause des nombreuses études qui ont échoué. Aujourd’hui, la dynamique est relancée. En cancérologie et avec le Covid, nous avons appris à faire d’autres types d’études où on peut tester en parallèle plusieurs médicaments avec un seul groupe contrôle. Pour Parkinson, on réfléchit à cette méthode au niveau international : on va avoir dans les deux ans qui viennent un essai de ce type. C’est un effort international et les pays essaient d’être complémentaires. Au Royaume-Uni, ils travaillent sur une très large population avec pour objectif de mettre un médicament sur le marché si l’étude montre une efficacité. En France, nous travaillons à un stade un peu plus précoce sur le modèle de ce qui a été fait avec LixiPark. Aux Etats-Unis, ils vont monter une étude de prévention sur les formes présymptomatiques. On essaie de travailler ensemble, de collaborer, d’être synergiques. Nouvel Obs du 28 novembre 2024 Propos recueillis par Leïla Slimani

 

Les professionnels

 

Une fois le diagnostic prononcé…

Lorsque le diagnostic tombe, les réactions sont différentes d’une personne à l’autre. Toutefois on assiste très souvent à un repli sur soi, situation qui peut parfois durer et faire tomber le malade dans un situation de stress, de dépression de plus en plus difficile à combattre en l’absence de réaction.

Des professionnels du monde médical sont là pour vous aider à faire face au diagnostic, mais aussi le monde associatif qui a un grand rôle à jouer pour rétablir le lien social disparu du fait de la maladie.

Faisons ensemble un tour d’horizon de vos interlocuteurs : cette liste n’est pas exhaustive et n’a aucun caractère obligatoire. Toutefois, l’expérience nous fait dire que ces professionnels de santé seront, à un moment donné, sollicités.

Parlez-en avec votre médecin, votre neurologue.

Young male psysician with patient measuring blood pressure

Médecin généraliste

Rôle : Coordonne les autres professionnels de santé et assure des consultations à minima une fois par trimestre.

Fonction : Le médecin généraliste a une vue d’ensemble de votre état de santé, connaît bien votre cadre de vie, et reste plus accessible qu’un spécialiste. Il vous aidera sur la partie administrative (ALD, soins pris en charge à 100%, etc.) et sera à l’écoute de vos préoccupations (douleurs, fatigue, troubles non moteurs…). Si le neurologue est d’accord, il peut devenir le chef d’orchestre de votre parcours de soins.

Orthophoniste

Rôle : Prend en charge les troubles de la parole, de l’écriture, de la déglutition, et les troubles cognitifs.

Fonction : Sur les conseils de votre médecin traitant et de votre neurologue, l’orthophoniste vous aidera dans la gestion de la maladie, comme les troubles de la voix, de l’écriture ou du goût. Il vous enseignera des techniques pour améliorer ces fonctions.

Infirmier

Rôle : Assure les soins infirmiers.

Neurologue

Rôle : Gère l’accompagnement des autres professionnels et effectue des consultations au moins une fois par an.

Fonction : Le neurologue est la personne clé dans votre parcours médical. Vous devrez lui fournir des détails précis sur vos symptômes afin qu’il ajuste au mieux vos traitements. Il a pour mission de tenir votre médecin traitant informé des traitements proposés et des spécialistes recommandés. Vous le rencontrerez généralement 2 à 3 fois par an, donc préparez soigneusement vos entretiens.

Neuropsychologue

Rôle : Évalue les fonctions cognitives et le comportement.

Ergothérapeute

Rôle : Accompagne l'adaptation de l’environnement (autonomie, sécurité).

Pharmacien

Rôle : Fourni les médicaments, contrôles et conseil

Médecine Physique et de Réadaptation

Rôle : Évalue et prend en charge le handicap et les difficultés fonctionnelles.

Psychologue clinicien

Rôle : Prend en charge les symptômes anxieux et dépressifs.

Fonction : En fonction des besoins, rencontrer un psychologue peut vous aider à mieux gérer le stress lié à la maladie. Il peut aussi être utile pour votre entourage. Le psychologue vous aidera à exprimer vos émotions et à structurer vos objectifs de soins.

Kinésithérapeute

Rôle : Évalue les troubles moteurs et leurs conséquences fonctionnelles.

Fonction : Sur prescription du neurologue, le kinésithérapeute vous proposera des séances de rééducation adaptées. Cela peut inclure des séances individuelles ou collectives (par exemple, de la balnéothérapie). Il réalisera des bilans réguliers, commentés et transmis au neurologue ainsi qu’au médecin traitant.


Tous ces interlocuteurs sont nécessaires, mais il reste une attitude à observer : la maladie amène à un repli sur soi, une envie d’isolement. Des situations qu’il faut combattre très vite pour éviter de perdre ce que l’on appelle le lien social.
Pour cela les associations de malades sont là pour vous aider.
Certains disent qu’ils ne veulent pas rencontrer de malades « comme eux » qui seraient le miroir dans lequel ils verraient l’image d’eux-mêmes dans quelques années. D’autres ne veulent pas « ressasser la maladie » lors de discussions interminables et stériles.

Les associations sont là pour vous convaincre de sortir de votre quotidien, briser l’isolement, pour vous faire rencontrer des malades, comme vous, qui sont prêts à échanger sur leurs problèmes et les solutions trouvées. Elles sont aussi là pour vous informer sur les progrès enregistrés en médecine, vous apporter des conseils sur les aides possibles, vous donner envie de participer à des animations, des activités.

À ce propos, ces associations mettent à votre disposition des activités physiques de groupe.En effet, il est prouvé par le monde médical qu’une activité physique régulière (tennis de table, marche, pétanque, vélo, chant….) permet de ralentir l’évolution de la maladie. 

20944917

Lu pour vous 

Il y a 18 mois, Science et Avenir nous relatait la Solution DIVE, une thérapie d’avenir testée en 2023. Les patients intéressés : des malades concernés par les effets secondaires d’un surdosage en dopamine qui apparaissent 5 à 8 ans après les premières prises. Derniers essais prévus en 2025. Un nouveau point est présenté dans « Doctissimo » du 27 janvier 2025 Parkinson : une nouvelle thérapie injecte directement de la dopamine dans le cerveau Luc Blanchot La maladie de Parkinson, qui touche près de 9 millions de personnes dans le monde, pourrait bientôt bénéficier d’une innovation majeure. Une équipe de chercheurs français a présenté les résultats prometteurs d’une perfusion cérébrale directe de dopamine stabilisée permettant d’améliorer significativement la qualité de vie des patients à un stade avancé. EN BREF Les Professeurs David Devos et Caroline Moreau InBrain Pharma, présentent les résultats d’une nouvelle approche pour administrer de la dopamine dans le cerveau. Une formulation innovante appelée ‘‘Adopamine’’ permet une administration continue de dopamine directement dans le striatum, améliorant ainsi le traitement de la maladie de Parkinson. Cette avancée prometteuse pourrait révolutionner le traitement de la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurologiques. L’approche novatrice des Professeurs David Devos et Caroline Moreau de la société InBrain Pharma, a fait l’objet d’une publication dans la revue Nature Medicine. Un défi technique relevé par InBrain Pharma Depuis des décennies, administrer de la dopamine directement dans le cerveau était considéré comme impossible. La dopamine, instable et sujette à une rapide oxydation, ne pouvait franchir la barrière cérébrale ni être administrée sous une forme stable. InBrain Pharma, une société biopharmaceutique française basée à Lille, a franchi ces obstacles grâce à une formulation innovante stabilisée en anaérobie. Une formulation baptisée ‘‘Adopamine’’. Le concept repose sur une administration continue, ciblant précisément le striatum, une zone cérébrale essentielle dans la régulation des mouvements et gravement affectée par la maladie de Parkinson. ‘‘Accéder directement au cerveau pour y introduire le neurotransmetteur manquant à la bonne dose au bon endroit marque un tournant décisif dans la prise en charge thérapeutique de la maladie de Parkinson’’ précise le communiqué de la société InBrain Pharma. Des résultats prometteurs appréciés par les patients L’étude de phase I/II, appelée DIVE-I, a été menéeauCHUdeLille.Ellevisait principalement à s’assurer de la sécurité du dispositif et a évalué les premiers résultats d’efficacité sur un faible échantillon de patients (12 pour la phase I, 9 pour la phase II). Les résultats positifs sont néanmoins importants : amélioration du contrôle moteur. Les patients ont bénéficié, en moyenne, de 4,4 heures supplémentaires de contrôle parfait (« temps ON ») par jour, sans dyskinésie ou mouvements anormaux. De plus, ils ont gagné 6,6 heures d’autonomie fonctionnelle par période de 24 heures.

 

Réduction de la médication orale : une baisse de 60% de la dose quotidienne de L.Dopa a été observée. Sécurité confirmée :  aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. Les effets secondaires mineurs, tels que des nausées transitoires, étaient attendus et comparables aux traitements classiques. Ce succès a été unanimement salué par les participants : tous les patients ayant achevé la phase II ont choisi de poursuivre le traitement dans la phase de suivi à long terme. Une innovation qui ouvre de nouvelles perspectives. La méthode développée par InBrain Pharma va au-delà de la maladie de Parkinson (même s’il conviendra de bien déterminer sa place par rapport à la prise en charge actuelle basée sur des médicaments à base de L-dopa et la stimulation cérébrale profonde) . Selon les chercheurs, cette technologie de perfusion cérébrale personnalisée pourrait également s’appliquer à d’autres maladies neurologiques, notamment les troubles neurodégénératifs et neurométaboliques. Les Professeurs Devos et Moreau, neurologues au CHU de Lille, Université de Lille, INSERM, cofondateurs et conseillers scientifiques d’InBrain Pharma, estiment que cette avancée pourrait profiter à d’autres maladies : ‘‘Au-delà de la démonstration faite pour la maladie de Parkinson, ces travaux valident aussi le concept de la perfusion cérébrale d’un traitement personnalisé dans d’autres pathologies neurologiques’’. Un traitement bientôt disponible ? InBrain Pharma se prépare à lancer une étude de phase III pour confirmer ces résultats sur une population plus large. L’objectif est une mise sur le marché d’ici la fin de la décennie, avec des accès précoces envisagés dans les prochaines années. Le Docteur Véronique Foutel, présidente d’InBrain Pharma, explique : ‘‘Nous mettons tout en œuvre chez InBrain Pharma pour confirmer au plus vite ces résultats sur plus grande échelle par un programme de phase III allant garantir un accès au marché le rapide possible d’ici la fin de la décennie par accès précoce et pour le tout début de la prochaine pour un accès complet’’. Dans un monde où la longévité augmente, améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies chroniques est une priorité. Cette innovation pourrait bien transformer non seulement la gestion de la maladie de Parkinson, mais aussi ouvrir la voie à une nouvelle ère de thérapies neurologiques personnalisées. Sources Moreau, C., Odou, P., Labreuche, J.  et al. Intracerebroventricular anaerobic dopamine in Parkinson’s disease with l-dopa-related complications: a phase 1/2 randomized controlled trial.  Nat Med  (2025).  https://doi org/10.1038/s41591-024-03428-2 InBrain Pharma est sur le point de transformer la prise en charge du Parkinson en stade avancé avec des résultats cliniques prometteurs publiés dans Nature Medicine - Communiqué de presse InBrain Pharma - 23 janvier 2025